la fontaine

La fontaine du Sinange est appelée "Fontaine de Mme Cottin", depuis que Sophie Cottin, née Risteau en 1770, vint puiser son inspiration pour écrire ses premiers livres devant la fontaine. Ses grands-parents et une de ses cousines habitaient Tonneins, où elle a longtemps vécu. Une autre cousine : Félicité Lafargue, habitait Barutet, qui jouxte Le Sinange. Le fils de sa cousine, Jacques, était très proche de Sophie Cottin. Très amoureux même, il se suicidera de désespoir, sa cousine refusant ses avances. Je suppose qu'elle ne viendra plus trop après ce drame chez sa cousine... 

Cette fontaine devait avoir beaucoup de charme, dans un lieu ombragé et frais, pour inspirer la romantique romancière !

Enfants, nos grands-parents nous mettaient en garde de ne pas trop nous approcher de la fontaine : une vache s'était enlisée dans la mare devant et n'avait pas réussi à sortir.

Devant la fontaine, envahie par toutes sortes de plantes, la mare est selon les saisons, pleine ou... vide !

C'est un lieu qui me semble plein de mystères. J'aime y descendre, par le petit chemin qui traverse la forêt de bambous, et y surprendre oiseaux, libellules, et même chevreuils venant s'y désaltérer... Et puis j'aimerais bien qu'elle soit nettoyée, que la vase qui l'a envahie soit évacuée, et qu'on parvienne à faire en sorte que l'eau coule à nouveau, limpide !

Eté 2018 : par curiosité, en sondant avec un bambou, je découvre qu'il y a devant la fontaine un premier bassin (envahi de vase), puis un petit muret, et un second bassin au-delà.

Et puis en continuant de sonder, je découvre un dénivelé, et en creusant, déterre une première marche ! Après une journée de travail, un bel escalier de pierre menant à la fontaine est découvert.

A gauche de la fontaine, contre la fontaine, avant l'escalier : un petit banc. En face de l'escalier, à droite de la fontaine, un autre banc, beaucoup plus large. On devait autrefois probablement venir à plusieurs au bord de la fontaine, y descendre, bavarder, se rafraichir peut-être ! 

Maintenant, l'escalier est dégagé, mais ce n'est pas encore une claire fontaine invitant à la baignade comme dans la chanson, loin de là ! La suite... à venir !




 Le chemin à travers la forêt de bambous, qui mériterait aussi d'être entretenue !

La fontaine peinte à l'huile en 1957 par Guy Morizet :

Et la fontaine en 2015, à notre arrivée ;







Et puis voici une aquarelle de la fontaine, non datée, réalisée par grand-père (Roger Tramond), avec quelques annotations au dos :




Une chevrette (femelle du chevreuil) surprise devant la fontaine au printemps 2019 par Matthieu :



Septembre 2022 : profitant de quelques jours de libres, et après un été particulièrement chaud et sec ayant asséché la mare en aval de la fontaine, je me lance à nouveau dans des travaux de nettoyage qui vont m'occuper durant dix jours ! Ce n'est pas fini mais je tiens à vous raconter et vous montrer l'évolution des travaux et mes découvertes. 

12 septembre : l'état du bassin devant la fontaine :



Et l'état du lit du ruisseau en aval : 



Après avoir dégagé tous les branchages, coupé les bambous, les ronces, arraché les orties ayant envahi ce ruisseau sec, je constate que la pente du ruisseau s'est inversée au fil des années, des siècles même, sur environ une trentaine de mètres. En effet, ce ruisseau qui se situe au bas d'une pente abrupte (une scène dramatique d'un roman écrit par G. Janniard, "Les eaux de cristal", s'y déroule, vous pouvez découvrir des extraits sur ce lien) a reçu de nombreux petits éboulement de terre, des feuilles qui se sont décomposées, et si une nouvelle source coule à 61 pas de la fontaine, qui s'écoule bien vers le Lot, entre la fontaine et cette nouvelle source, il me faut creuser, creuser, pour limiter la pente qui va vers la fontaine et qui fait qu'elle est inondée chaque hiver... Je pense aussi que des travaux de voierie de la ville, qui déversent des fossés d'eau de la route de Chauze dans le bois au fond de ce vallon dans lequel se trouve la fontaine accentuent les inondations. 

J'entreprends donc plusieurs travaux en parallèle : désencombrer le lit du ruisseau, vider le bassin (équipée de cuissardes de pêcheur et de ma combinaison d'apicultrice car de nombreux frelons asiatiques rodent), commencer à retirer l'argile qui remplit l'intérieur de la fontaine la bouchant totalement. Je dégage le muret cassé du bassin entre la fontaine et l'aval, termine de vider au seau le bassin et me prépare à maçonner pour réparer le bassin, à l'aide des pierres et briques pleines que je parviens à récupérer dans le bassin ou dans la forêt de bambous. Je désherbe également les alentours et surtout la fontaine, envahie de plantes sur le dessus et en façade, et termine par un nettoyage au karcher. 






Je fais alors plusieurs découvertes : 
- cette fontaine, probablement construite au XVIIIe siècle, je suppose par Mr Belloc qui fit également construire la façade principale du Sinange (voir l'historique de la maison) a probablement été construite sur une source utilisée bien avant depuis plusieurs siècles, car un trou se trouve en-dessous, avec une rigole dans le bassin de devant allant jusqu'à un orifice qui permettait à l'eau de couler... bien en-dessous du niveau du sol actuel ! 



- cette rigole, le fond de ce bassin, me surprend car j'y vois clairement une croix et m'interroge : ce bassin aurait-il servi de baptistère autrefois ? Baptêmes catholiques ? Protestants ? Ce vallon fut un lieu de désert attesté par des documents des archives départementales... Mais un "désert" est, par nature, "secret", caché... 



- au-dessus de la fontaine, une petite zone plate et un creux : il y avait autrefois quelque chose sur cette fontaine. Je décide d'y placer une petite croix en pierre trouvée dans la maison, que je dois d'abord réparer. 





- sur la façade de la fontaine, autour de l'entrée de la fontaine, on voit clairement qu'il y avait autrefois une porte : des creux à droite marquent l'emplacement de gonds, et la découpe des pierres l'emplacement d'une porte. Qui a disparu depuis fort longtemps puisque les tableaux du XXe siècle ne les montrent pas. On ne voit pas d'eau couler non plus dans le tableau de G. Morizet de 1957, je suppose que l'intérieur était déjà envahi d'argile. Lors de chaque inondation hivernale, l'intérieur de la fontaine se remplit... Il va donc me falloir refaire une porte et réparer la façade. 


Mais l'urgence, avant l'arrivée de la pluie prévue le 22 septembre, était de reconstruire ce muret cassé, afin que toute la vase retirée du bassin ne s'y engouffre pas à nouveau ! 





En faisant des recherches sur internet, je trouve une fontaine ressemblante, quoique plus récente, je suppose, et plus simple, moins travaillée : la fontaine de la rue de la Fontaine de Nérac, qui comporte effectivement une porte et une sculpture au-dessus. 

Voici quelques photos de détails de notre fontaine :




28 septembre 2022 : avant l'arrivée de la pluie, le lit du ruisseau a été creusé avec un certain acharnement. C'est bien sec et très chargé en déchets de toutes sortes : morceaux de tuiles, de briques, de vaisselle (porcelaine du XIXe siècle), de bouteilles, de flacons, de pots... jetés par les propriétaires successifs depuis le haut de la pente et qui ont roulé dans la grande pente et se sont accumulés au fond de ce lit de ruisseau. J'espère que ce travail permettra un bon écoulement des eaux !

Pendant mon travail, je suis observée par trois chevreuils qui passent régulièrement :  




L'argile tombe petit à petit à l'intérieur de la fontaine, j'en retire chaque jour quelques seaux... Et devant la fontaine, le bassin commence à se remplir, de feuilles d'automne aussi ! 


Octobre 2022

Enfin, je parviens à toucher le fond de l'intérieur de la fontaine ! J'avais l'impression que c'était un puits sans fond rempli d'argile. 

Après avoir pris des mesures, voici quelques schémas qu'il me faudra refaire au propre un jour...





 













Et voici un récapitulatif des travaux effectués en septembre 2022 :